L'ÉTAT DE CRISE.
Une chose cependant est évidente : contrairement à ce que toute une propagande, reprise sans discernement par toute la presse, affirme, ce ne sont pas de simples considérations de techniciens économiques qui ont provoqué les décisions des concessionnaires des mines lorraines.
L'origine de ces décisions doit, en bonne partie, être cherchée sur le terrain de la lutte sociale.
Ce n'est pas le minerai d'Outre - Mer qui est la cause première de la crise. Pour le patronat, il vaut mieux traiter avec le gouvernement mauritanien ? En le menaçant au besoin de se servir au Brésil ? Ou avec le Brésil ? En le menaçant de se servir en Mauritanie ? Qu’avec la CGT Lorraine.
Des difficultés conjoncturelles auxquelles le patronat ne pouvait rien s'ajoutèrent ensuite à une crise structurelle dont on peut dire qu'il l'avait prévue et s'apprêtait à l'organiser.
La menace contenue dans les conclusions du Comité d'étude de 1962 ? Qui avait eu pour tâche de justifier devant le gouvernement et ses fonctionnaires la remise en cause des orientations du IVe Plan ? Furent perçus par le Syndicat des mineurs de fer.
En mars 1963, profitant de l'ambiance créée dans l'opinion publique par la grève des houillères, il déclenchait de son côté une grève préventive, dont le point culminant fut une grande "marche " des gueules jaunes sur Paris.
Ils obtinrent la réunion d'une table ronde entre patrons, syndicalistes et pouvoirs publics. Les résultats en furent ambigus.
Le patronat dut souscrire à un système de garantie en cas de licenciement.
En revanche, la nécessité des licenciements était proclamée publiquement, l'état de crise reconnu. À partir de quoi le patronat allait pouvoir développer avec succès une propagande sur le thème : les mines de fer ne sont plus rentables et convaincre l'opinion que le slogan syndical : " nous voulons rester mineurs de fer " était une manifestation de conservatisme et d'irréalisme.
DOC. Laminage continu. Pierre BELLEVILLE.