VIE POLITIQUE ET SYNDICALE DU DEBUT DE CE SIECLE.
De 1881 à 1900 le mandat de député de la circonscription de Briey est brigué avec succès par Alfred MEZIERES, qui cumule ainsi deux mandats. En 1900 il devient sénateur et laisse la place à Albert LEBRUN (futur Président de la République 1932). Il faut remarquer qu'en dehors des élections municipales, les candidats d'origine ouvrière sont rares.
La faiblesse de la C.G.T. avant la guerre de 1914 ne représente qu'une minorité des ouvriers (5% environ). Ainsi à la veille du premier conflit mondial et après échec de la grève du 16 décembre 1912 contre la guerre, la C.G.T. reste incertaine, au niveau national, dans sa double dimension syndicale et politique, le mouvement ouvrier français reste fragile et divisé, il n'arrive pas à s'opposer lors de la déclaration de cette première guerre à l'UNION SACREE qui démontre que la République bourgeoise n'est pas fondamentalement contestée, surtout dans nos régions qui regroupent pourtant une importante population ouvrière.
Le Patronat Minier s'organise pour préserver ses intérêts et désorganise les actions syndicales en faisant pression et menace d'expulsion sur la main d'œuvre étrangère. La fédération des Mineurs ne participe pas à la formation de la C.G.T. et elle n'y sera admise qu'en 1908.
Après ce conflit mondial très meurtrier, le retour à la paix est marqué par un regain d'activités syndicales. En 1920, rien qu'en Meurthe et Moselle, la C.G.T. est forte de 30 000 membres et progresse dans le bon sens. En 1919 ont été votées les lois sur les conventions collectives et la durée de la journée à 8 heures, lois qui dans les faits ne seront pas appliquées. L'effervescence syndicale vise à obliger les patrons à respecter ces lois, d'autres revendications sont essentiellement dirigées contre l'évolution rapide du coût de la vie et pour la liberté de l'expression syndicale. En 1926, la C.G.T.U. change de structure avec l'espoir de redonner le dynamisme à ses organisations qu'elle regroupe par région, c'est la fiasco, son affaiblissement profitera à la C.G.T. qui refait surface.
Faisons un retour sur le passé et parlons des élections de 1919 qui ont conduit le Bloc National au gouvernement. Sa politique est mise en échec sur le plan financier la chute du Franc et la montée des prix s'accentuent, l'occupation de la Ruhr ne résoud pas le problème des réparations dues par les vaincus. De son côté la C.G.T., pratiquement inexistante jusque là, tente de se réorganiser en créant à la fin de 1925 un syndicat régional des mineurs de fer des bassins de Longwy – Briey – Nancy, dont le siège sera à Hussigny. Quelques années plus tard, en 1929 il sera fixé à Piennes et y restera définitivement.
" Le Réveil Ouvrier" journal de la C.G.T. en Meurthe et Moselle souligne la faiblesse de l'organisation t évoque les méthodes patronales pour empêcher toutes réunions ou rassemblements.
Le 1er MAI a été la journée d'expression du syndicat qui se prononce toujours sur les abus d'arrêt de travail, mais, hélas en 1931, il n'y eu aucun meeting.
Au cours de l'année 1930, la lutte entre communistes et socialistes atteint son paroxysme. La C.G.T.U. prépare activement la grève générale du 6 mars; la lutte est d'autant plus dure dans le bassin que le P.C veut faire échec à la constitution d'un syndicat C.G.T.
En 1934, Maurice THOREZ constitue le Front Populaire pour engager la lutte contre les dangers du Fascisme.
1936, plus précisément en mars, fut l'année de la réconciliation des communistes et socialistes en Meurthe et Moselle; à cet effet un comité départemental du FRONT POPULAIRE est créé. Enfin le 7 juin 1936, la C.G.T. et le patronat signent les "accords de Matignon" concernant les conventions collectives.
Contre la poussée du fascisme, la gauche réunie est prête à affronter les élections du 26 avril 1936. Le front populaire gagne ces élections. Le nouvel élu prend ses fonctions la 4 juin 1936.
C'est pendant la même année que commença la lutte anti-patronale pour obtenir une rémunération et des conditions de travail décentes. La Direction de la mine, entourée par ses cadres et ses employés, oublia un peu sa tour d'ivoire et commença même à être plus accessible, voir même plus dévouée. Fini l'ouvrier la casquette à la main, à qui on dit "si vous n'êtes pas content, la porte est là".
Terminées les brutalités verbales.
Le premier syndicat local prit naissance en 1936. Les mineurs Crusnois étaient las des pressions patronales exercées depuis la création de la mine. La misère aidant à soulever la rancœur du monde du travail, le syndicat mis en place, appuyé quelque peu par la politique redonna un petit espoir à ces membres qui n'ont jamais oublié les réunions clandestines à la fontaine de Crusnes.
Les "BONNEFON, TICHY, CREMER, BARTHELEMY, REINERT" et autres ont secoué la masse des salariés afin qu'il y ait communication entre tous les ouvriers de la mine et union pour revendiquer et réclamer leurs droits respectifs. La puissance syndicale dégagée par tous les mécontents fit prendre une ampleur à toutes les revendications et en accord avec tout le personnel de la mine, la révolte commença à gronder.
En mars 19368, Léon BLUM, démissionnaire du gouvernement le 21 juin 1937, est rappelé à ce dernier, mais se heurte à nouveau au Sénat toujours à propos des mesures financières déjà refusées le 20 juin 1937. Ce coup de grâce achève le Front Populaire et entraîne la C.G.T. dans sa chute.
Un ordre de grève générale est lancé pour le 30 novembre 1938. Le gouvernement, reprenant du poids, réquisitionne la troupe et la police est en état d'alerte. Cette grève est un échec; la répression s'abat alors sur les militants; il s'en suit des arrestations et la révocation de fonctionnaires et agents de service.
Le mécontentement dû à la baisse du franc de 25%, provoquée par la hausse des prix, se fait toujours ressentir. En mars 1937, Léon BLUM préconise la "pause". Ce fut la dernière fête du Front Populaire, le 1er Mai 1937.
A Crusnes le problème revendicatif, toujours d'actualité, fut l'augmentation de salaire (baisse du franc) et les améliorations des conditions de travail (nombre important de tués).
Le logement, son entretien, les conditions de vie, faisaient partie de chaque revendication. Le privilège d'être logé gratuitement faisait la force de la Direction de Wendel qui par tous les moyens à sa portée créait la division au sein de la communauté minière.
Le 1er septembre 1939, la France déclare la guerre à l'Allemagne, le Parti Communiste est dissout le 26 septembre, son interdiction d'exister l'oblige à rentrer dans la clandestinité.
Nous connaissons l'exode, la séparation, la disparition de la cellule syndicale pendant le temps du conflit.
L'après-guerre nous apportera une nouvelle formation appuyée par les anciens qui n'ont pas oublié les précédents acquis (congés payés) et qui feront comprendre que sans syndicat, une profession telle que celle de mineur ne serait pas possible.
En espérant, citoyen et mineur de Crusnes, que vous n'avez pas oublié ce que vous venez de lire!...