Le long de la nationale qui mène d’AUMETZ à LONGWY, de part et d'autre naquirent les cités de la Société Anonyme d'Errouville à CRUSNES.
Avant le début du siècle, la frontière franco-allemande se situait à la hauteur de la rue de la douane et du café-restaurant de la frontière, à cette époque nous ne pouvons recenser que quelques maisons existantes (Buontalenti, Chollot) ainsi qu'une habitation en bois, celle d'un maréchal ferrant, métier très nécessaire pour les modes de transports de l'époque.
Dans la première décennie, du siècle naissant, vers 1910 les premiers travaux commencèrent, en copiant sur New York, mais sur une autre dimension. Les rues s'appelèrent avenues et portèrent un numéro. Contrairement à la logique, la première avenue construite fût baptisée 3e avenue, avec un commerce et une petite école pour remédier aux premières nécessités des mineurs et de leur famille. La pression de l'embauche et la mise en production de la mine firent s'accélérer la construction des cités. Les problèmes d'approvisionnement en eau sur les éviers ne furent solutionnés qu'après la construction des maisons. Au début, il fallait recourir à l'installation de pompes à eau déposées à chaque coin de rue. De nouveaux besoins apparurent ; la construction d'une coopérative, d'une poste, de groupes scolaires et d'une église (actuellement salle des fêtes).
Devant l'invasion de commerçants ambulants, la mine doit recourir à une réglementation très stricte et poser des panneaux dans chaque rue mentionnant l'interdiction de ces genres de commerces.
Aujourd'hui nous pouvons le dire : la Direction de la mine a toujours eu la maîtrise de la vie sur l'ensemble des cités, entretenant volontairement la division entre Maîtres de Forges, employés et ouvriers. Tout d'abord en créant des rues et habitations plus sophistiquées pour le personnel d'encadrement que pour le simple salarié. Le droit de faire des études avec l'appui de la Direction était réservé aux fils d'employés. Dans l'évolution de la vie courante, l'ouverture en 1928 d'un groupe scolaire mixte à la 6e Avenue et quelques années plus tard celui pour les garçons à la 3e Avenue. Grâce à la qualité de l'enseignement public, nous constatons une envolée d'enfants de mineurs vers les études supérieures, ces jeunes nourris par le désir du travail s'achemineront vers d'autres professions moins dégradantes que celles de mineur (footballeurs, médecins et autres professions).
Gloire aux mineurs, gloire qui hélas n'a duré que 3 générations, nous avons connu de bons instants, nous y avons forgé l'avenir de nos enfants. Nous avons connu beaucoup de joies, mais quand nous pensons à nos disparus victimes de leur devoir à la mine, nous pensons avoir payé un peu cher ces instants vécus dans la famille du mineur de fer. Que longévité et santé soient accordées au retraité qui fait son examen de conscience, qui reste noble et qui croit n'avoir pas travaillé pour rien.
Devant le développement rapide de la population, quand le plein fut fait des cités, il fallut divertir toute cette grande famille. Voyant en 1926 la création de la philharmonie et d'une équipe de football, puis la création d'une équipe de théâtre. Tous ceux qui ne prenaient pas part à ces divertissements se consacraient au jardinage dans les « 5 ares » fournis par la mine. En 1933, ils furent très précieux pour la survie des mineurs, période de crise mondiale, les quelques légumes compensèrent le manque de journées de travail. C'est alors que commencèrent les travaux de la Ligne-Maginot qui apportèrent pour quelques-uns un peu de bien être au sein de leur famille. À cette époque un mineur travaillait un jour ou deux par semaine et ce n'est qu'à l'apparition de Front populaire en 1936 que tout s'enflamma et que la vie reprit normalement. Mais tout ceci fut de courte durée, l'ombre de la guerre planait déjà au cours de l'année 1938 et comme les ententes entre pays ne s'arrangeaient pas, l'année 1939 fut déterminante dans cette mésentente. La France entra en guerre contre l'Allemagne.
L'exode commença, une partie de la population fut dirigée vers la Gironde. Les non- mobilisables demeurèrent en poste à la mine, quelques-uns restèrent en poste à l'usine de Hayange. Devant l'avance de l'ennemi, l'évacuation du reste de la population se fera en direction de l'Auvergne. N'ouvrons pas de parenthèses pendant la période d'occupation, oublions tous ces mauvais souvenirs. Mais nous voyons refleurir en 1945 une nouvelle période de labeur et de remise au travail.
Cette vie active commença à se dégrader vers les années 1970 et nous en connaissons actuellement les résultats et les conséquences.